"MA", 間est un terme japonais qui signifie intervalle. Son idéogramme symbolise un soleil entouré par une porte. Ce terme est employé comme concept d’esthétique, il fait référence aux variations subjectives du vide, comme le silence, l’espace où la durée, et il relie deux objets, deux phénomènes, où deux êtres séparés.
Il ne s’agit pas cependant de l’intervalle en soi, mais toujours d’un intervalle dans l’espace-temps concret, supposant donc une situation, une ambiance, et plus largement le milieu nippon.
Le MA, entre autres, est présent en architecture, dans les relations amoureuses, dans la nature, et dans le rapport que les hommes ont avec les Dieux.
Ce film est un diptyque cinématographique composé de :
間1 : Espaces intercalaires :
Depuis quelques années au Japon, un important phénomène architectural visant à redéfinir l’espace urbain, appelé par Yoshiharu Tsukamoto, fondateur de l’atelier Bow-Wow, les pets architecture, s’est développé. Plutôt que de développer la ville toujours plus vers le haut, les architectes japonais cherchent à rentabiliser l’espace déjà existant.
C’est lors d’un séjour à Tokyo que le réalisateur Damien Faure* a pris conscience de ces singularités architecturales en remarquant, dans les interstices de l’espace urbain, ces étranges petites constructions qui se nichent entre les bâtiments.
Cette partie se présente comme une radiographie de ces bâtiments qui, ces dernières années, se sont disséminées dans la ville de Tokyo.
間2 : Milieu :
Dans les montagnes de l’île de Yakushima, où les arbres ont 3000 ans, il ne faut pas faire de mauvaises choses, sinon les dieux vous envoûtent.
En expédition scientifique, M. Nishida est notre passeur pour découvrir les croyances spirituelles qui accompagnent la relation à la nature des habitants de l’île. Dans le calme de la forêt, parmi les cèdres centenaires, c’est la pensée d’Augustin Berque, philosophe et géographe qui nous éclaire dans notre réflexion sur les liens étroits entre nature et culture, sur la relation d’une société à son environnement.
*Damien Faure était à Chamalot-Résidence d’artistes pendant l’été 2013, en résidence d’écriture et de repérage pour son prochain film.