WANG Guanying
WANG Guanying,
WANG Guanying, professeur agrégé de l’institut des Beaux-Arts de l'Université de Shanghai, directeur de maîtrises, membre de l’Association chinoise des Artistes, membre du conseil de l’Association des Beaux-Arts de la Province du Jilin. Ses œuvres ont été participées plusieurs fois à des expositions en Chine et à l'étranger. En 2004, il est nommé par le Vermont Arts Center des États-Unis comme un des artistes exceptionnels de 2004-2005 de la Chine. De plus, il a été invité à aller aux États-Unis pour une étude créative. En 2008, il a été allé à la Cité des Arts de Paris en France pour une étude créative.
Le quadriptyque monumental WANG Guanying Faire la queue illustre le 9 septembre, jour anniversaire de la mort de MAO Zedong lors duquel des milliers de personnes venues des quatre coins de Chine et de l’étranger, défilent devant la dépouille du grand homme Place Tian An Men.
L’hommage est spontané : on rie, on s’agite, on se protège du soleil, on se parle, on avance doucement en supportant naturellement le temps d’attente qui, à l’évidence, fait partie de la cérémonie. La plupart des acteurs de cette foule bigarrée, enfants, adolescents, parents, grands parents, handicapés, venus de tous horizons, issus de toutes origines, tournent leur visage de face et observent avec curiosité les spectateurs du tableau, comme si nous étions, nous-aussi, un tableau digne d’intérêt. Au beau milieu de chacun des quatre morceaux de peinture, une jeune fille occupe une place privilégiée et nous regarde ostensiblement, nous, qui les regardons tous. Ces adolescentes participent à la cohérence, à l’unité picturale de l’ensemble.
WANG Guanying fait ici acte de « distanciation » et son réalisme « brechtien » prend dès lors une force expressive très intense. Ce procédé interdit l’identification de l’« acteur » -ici l’humain peint par l’artiste en grandeur réelle- avec le personnage qu’il est censé représenter. Le très subtil jeu des regards entre les personnages eux-mêmes, entre les personnages et le peintre, entre les personnages et les spectateurs de la scène, perturbe complètement notre perception traditionnelle d’une « scène de genre » en mettant en doute la véracité de ce que nous voyons.
Certainement, si le titre ne nous était pas donné, qui pourrait instinctivement savoir qu’il s’agit d’un hommage du peuple de Chine à son héros légendaire ?... Le « pacte tacite de croyance » entre la figuration peinte et le spectateur est ici bousculé malgré le respect absolu et en dépit d’une tendresse contagieuse de l’artiste pour ses modèles. Plus rien, alors, ne demeure figé : les figurants débordent de vie et nous sommes directement interpellés pour devenir à notre tour acteurs de la scène qui se joue, pour en finir avec notre statut de simples voyeurs passifs…
A y regarder de près, le travail de WANG Guanying s’enracine dans la grande tradition de la peinture chinoise, intégrant aussi bien la mémoire des œuvres de Yen Li-pen (mort en 673), peintre de la cour de l’époque T’ang dont le rouleau des Treize empereurs (Boston, Museum of Fine Arts) dénote un réalisme à la fois noble et d’une ineffable douceur, que celle des rouleaux peints du XVIIe siècle dont le dessin souligne le raffinement éblouissant. L’artiste renouvelle le genre qu’il adapte au monde contemporain en y ajoutant les acquis de l’art du XXe siècle, tiré notamment du courant occidental hyperréaliste. Il en résulte une œuvre fascinante, qui porte au plus haut les exigences de la peinture et dont l’indépendance d’esprit, lui aussi distancié du diktat du « politiquement correct » de l’art dit « contemporain », révèle un fier artiste ignorant volontairement la mode conceptuelle, et en pleine possession de ses moyens plastiques. Dès 1933, Roger Garaudy affirmait qu’ « être réaliste, ce n’est pas imiter l’image du réel, mais imiter son activité ; ce n’est pas donner un calque ou un double des choses, des évènements ou des hommes, mais participer à l’acte créateur d’un monde en train de se faire, en trouver le rythme intérieur. » Ce rythme intérieur, nous le sentons battre au cœur des figurants qui animent l’œuvre de WANG Guanying. En tout cas, son quadriptyque est une invitation parfaitement réussie à faire la queue, à notre tour…
Noël Coret
Ecrivain d’Art
Président du Salon d’Automne
L’hommage est spontané : on rie, on s’agite, on se protège du soleil, on se parle, on avance doucement en supportant naturellement le temps d’attente qui, à l’évidence, fait partie de la cérémonie. La plupart des acteurs de cette foule bigarrée, enfants, adolescents, parents, grands parents, handicapés, venus de tous horizons, issus de toutes origines, tournent leur visage de face et observent avec curiosité les spectateurs du tableau, comme si nous étions, nous-aussi, un tableau digne d’intérêt. Au beau milieu de chacun des quatre morceaux de peinture, une jeune fille occupe une place privilégiée et nous regarde ostensiblement, nous, qui les regardons tous. Ces adolescentes participent à la cohérence, à l’unité picturale de l’ensemble.
WANG Guanying fait ici acte de « distanciation » et son réalisme « brechtien » prend dès lors une force expressive très intense. Ce procédé interdit l’identification de l’« acteur » -ici l’humain peint par l’artiste en grandeur réelle- avec le personnage qu’il est censé représenter. Le très subtil jeu des regards entre les personnages eux-mêmes, entre les personnages et le peintre, entre les personnages et les spectateurs de la scène, perturbe complètement notre perception traditionnelle d’une « scène de genre » en mettant en doute la véracité de ce que nous voyons.
Certainement, si le titre ne nous était pas donné, qui pourrait instinctivement savoir qu’il s’agit d’un hommage du peuple de Chine à son héros légendaire ?... Le « pacte tacite de croyance » entre la figuration peinte et le spectateur est ici bousculé malgré le respect absolu et en dépit d’une tendresse contagieuse de l’artiste pour ses modèles. Plus rien, alors, ne demeure figé : les figurants débordent de vie et nous sommes directement interpellés pour devenir à notre tour acteurs de la scène qui se joue, pour en finir avec notre statut de simples voyeurs passifs…
A y regarder de près, le travail de WANG Guanying s’enracine dans la grande tradition de la peinture chinoise, intégrant aussi bien la mémoire des œuvres de Yen Li-pen (mort en 673), peintre de la cour de l’époque T’ang dont le rouleau des Treize empereurs (Boston, Museum of Fine Arts) dénote un réalisme à la fois noble et d’une ineffable douceur, que celle des rouleaux peints du XVIIe siècle dont le dessin souligne le raffinement éblouissant. L’artiste renouvelle le genre qu’il adapte au monde contemporain en y ajoutant les acquis de l’art du XXe siècle, tiré notamment du courant occidental hyperréaliste. Il en résulte une œuvre fascinante, qui porte au plus haut les exigences de la peinture et dont l’indépendance d’esprit, lui aussi distancié du diktat du « politiquement correct » de l’art dit « contemporain », révèle un fier artiste ignorant volontairement la mode conceptuelle, et en pleine possession de ses moyens plastiques. Dès 1933, Roger Garaudy affirmait qu’ « être réaliste, ce n’est pas imiter l’image du réel, mais imiter son activité ; ce n’est pas donner un calque ou un double des choses, des évènements ou des hommes, mais participer à l’acte créateur d’un monde en train de se faire, en trouver le rythme intérieur. » Ce rythme intérieur, nous le sentons battre au cœur des figurants qui animent l’œuvre de WANG Guanying. En tout cas, son quadriptyque est une invitation parfaitement réussie à faire la queue, à notre tour…
Noël Coret
Ecrivain d’Art
Président du Salon d’Automne